mercredi 7 décembre 2011

Pénurie du personnel dans les formations sanitaires du Bénin: Que faire?




Pour rappel!

Le droit à la santé est clairement reconnu par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui en fait partie intégrante dispose que « Toute personne a le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre. Les États parties à la présente Charte s’engagent à prendre les mesures nécessaires en vue de protéger la santé de leurs populations et de leur assurer l’assistance médicale en cas de maladie »[1].

A cet effet, la Constitution stipule dans son article 26 relatif aux droits et devoirs que : «…l’Etat protège la famille et particulièrement la mère et l’enfant. Il veille sur les handicapés et les personnes âgées».
 


[1]  Art. 16 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme
Comment l'état béninois peut-il remplir convenablement cette mission constitutionnelle si le personnel sanitaire fait défaut?
En effet, c'est un secret de polichinelle que d'affirmer que de plus en plus, le personnel sanitaire qualifié se raréfie dans les formations sanitaires de notre pays le Bénin en général et celles des formations sanitaires des localités rurales en particulier.  Cette situation trouve son explication entre autre dans les faits ci-après:
  • l'insuffisance quantitative en personnel de tous ordre au niveau national pour répondre efficacement aux besoins des différentes formations sanitaires périphériques et hôpitaux du pays est une réalité;
  • la seconde raison repose sur le fait qu'à l'intérieur des départements, on note la fuite des agents des localités rurales vers les villes et grandes agglomérations à la recherche de meilleures conditions de vie. Cette situation est favorisée par le reversement du personnel "mesures sociales" en agents contractuels de l'état. En effet, ces agents initialement recrutés sur poste et payés localement sur la base d'une attestation de service fait et de présence au poste, avec leur nouveau statut perçoivent leur salaire au trésor public et donc sont devenus libres de tout engagement au niveau local.
Le phénomène qu'on observe et qui tend à s'accentuer est la très forte concentration d'agents qualifiés dans les grosses agglomérations telles que Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Natitingou, Abomey et Bohicon pendant que des communautés entières de certaines de nos localités n'en disposent pas.
Que faire?
A un problème national, il faut une solution nationale. Que la notion d'agent de l'état qui doit "servir partout où besoin est" devienne en fin une réalité visible au lieu de rester une simple incantation telle que cela l'a été jusqu'à présent. Il est évident que si le peu de personnel actuellement disponible et en service au ministère de la santé est redéployé de façon équitable, il y aurait plus de justice dans l'accès de nos populations aux soins de santé.
Il parait désormais impérieux de mettre en place un système de rotation qui oblige tous les agents de l'état à faire leurs armes pendant un certain nombre d'années dans des localités déshéritées avant de prétendre poursuivre leur carrière en ville.
La pénurie d'agents qui existe actuellement dans une certaine mesure est artificielle. Les populations des localités dépourvues d'agents de santé qualifiés ont les mêmes droits que celles des grandes agglomérations de notre pays.
Bien entendu que ces actions doivent être précédées de la réalisation d'un état des lieux exhaustifs pour appréhender l'ampleur et la profondeur du problème qui se pose sur le plan de la gestion des ressources humaines en santé.
Je lance ce débat afin de permettre à tous ceux qui sont intéressés par le sujet d'apporter leurs contributions aux fins d'aider à une meilleure compréhension du problème qui se pose et proposer les solutions idoines pour le bonheur de nos populations.
 Dr Franck H. BETE